Dans un contexte de création d’un Service Public de la Petite Enfance, il est des territoires dans lesquels celui-ci est attendu de pied ferme.

Il y a dix ans, la DREES dressait déjà le constat que l’accueil en crèche des enfants de moins de 3 ans était deux fois moins répandu en milieu rural qu’en milieu urbain[1], et cette situation n’est pas allée en s’arrangeant ces 10 dernières années. En cause, différents facteurs tels que le recours plus important aux assistant.e.s maternel.le.s, ou la plus grande proximité des grands-parents (en milieu rural, 69 % des jeunes enfants résident à moins de 30 minutes d’un grand-parent, contre 56 % en milieu urbain), mais principalement, le manque de places. En effet, la DREES souligne également qu’en milieu rural, il y a en moyenne 8 places en crèche situées à moins de 15 minutes pour 100 enfants de moins de 3 ans, contre 26 en milieu urbain[2].

Avec de lourdes conséquences : désertification de certaines zones, isolement des familles, réduction de la participation des femmes au travail, pression sur les ressources familiales, absence d’espace de sociabilisation pour les enfants, répercussions économiques, fermetures d’écoles maternelles… Dans des territoires déjà enclavés, le manque de mode d’accueil constitue un facteur supplémentaire d’inertie. Certains argueront que le manque d’enfants est à l’origine du manque de places. L’ADMR fait le constat contraire : c’est bien l’absence de solutions d’accueil qui conduit au départ des familles et donc à l’absence d’enfants.

C’est pour répondre à ces enjeux que l’ADMR a accentué, ces dernières années, le développement des établissements d’accueil du jeune enfant en zone rurale.

Mais les associations ADMR n’interviennent-elles pas seulement auprès des personnes âgées ? C’est en effet l’activité pour laquelle est le plus souvent connue. Cependant, et cela étonne parfois, la petite enfance est bien, elle aussi, au cœur du réseau ADMR. La toute première activité de l’ADMR, à sa création en 1945, était en effet le soutien aux familles rurales confrontées aux difficultés dans leur vie quotidienne. La première crèche a ensuite vue le jour en 1988. Les raisons principales au développement de cette nouvelle activité : la volonté d’offrir aux jeunes enfants et leurs familles des solutions d’accueil accessibles et proches de leur domicile, celle d’accompagner les personnes du berceau au grand âge et le besoin de créer du lien social entre les générations.

Ainsi, le réseau ADMR compte, à l’heure actuelle, 131 Etablissements d’Accueil du Jeune Enfant (dont 66% sont des micro-crèches), mais aussi des Relais Petite Enfance, des Lieux d’Accueil Enfants-Parents ou des accueils de loisirs.

Des crèches pour dynamiser les territoires

Concrètement, ce sont souvent les maires des territoires ruraux où l’ADMR intervient déjà auprès d’autres publics, qui viennent chercher les associations avec une volonté forte de faire revenir les familles dans les villages. En effet, construire des crèches s’avère très souvent être un réel outil de dynamisation du territoire et de soutien aux familles qui y résident.  Quelques exemples récents :

• En Corse, dans le village de Figari, c’est le maire, qui, souhaitant proposer un « projet structurant » pour la population, a fait voter la création d’un projet de micro-crèche, entièrement co-construit avec l’ADMR.
• En Vendée, ce sont 6 micro-crèches qui ont vu le jour ces dernières années sous l’impulsion des municipalités (cf. vidéo ci-dessous).
• A Thurins, dans le Rhône, le maire déclarait, à l’ouverture de la première micro-crèche en début d’année 2022 : « On a tout fait à Thurins pour faire venir l’ADMR dans le service et l’accompagnement aux personnes, des plus jeunes aux plus âgées. L’installation de cette crèche est dans la logique du dynamisme de Thurins avec la création de nouveaux logements, on a besoin de ce service pour les jeunes parents ».

Un service public de la petite enfance porteur d'espoir

Bien que l’ADMR ne gère pas seulement des micro-crèches, ce type de structure est particulièrement adapté au milieu rural du fait de sa petite taille. Mais ces structures n’ont de petite que leur taille, car elles portent par ailleurs grands projets pour les tous petits, certains mis en place dans le cadre de la Semaine de la Petite Enfance, comme celui des Loup’ings, micro crèche ADMR à Juillan, lauréat du prix Occitanie des Girafes Awards en 2021 pour son projet « Ma drôle d’histoire à moi ». Et il s’agit très souvent de projets qui s’ancrent dans les spécificités du territoire : activités en langue occitane dans l’Hérault, projets pédagogiques centrés sur le rapport avec la nature, ferme pédagogique, potager, partenariats avec les médiathèques, les ludothèques, les services d'accompagnement à la vie sociale ou encore avec les Ehpad, avec la mise en place d’activité intergénérationnelles. Certaines crèches se créent même au sein même de ceux-ci.

Malgré ce développement florissant, de nombreux enjeux subsistent : bien que la volonté des communes rurales de développer l’accueil du jeune enfant soit bien réelle, les deniers viennent souvent à manquer quand il s’agit de concrétiser les projets. Certains se lancent et n’aboutissent pas, décevant des familles dans l’attente depuis de longs mois, faute d’enveloppe financière dans les budgets communaux.

L’ADMR porte ainsi beaucoup d’espoir dans le service public de la petite enfance, dont la construction doit être particulièrement soutenue en milieu rural, mais aussi adaptée à ses spécificités. L’espoir de voir, à long terme, le milieu rural devenir une terre d’accueil de la petite enfance.